Mystérieuse Hellébore
Bien qu'on n'en cultive pas à la pépinière -sinon un ou deux pieds pour le plaisir de s'encombrer et les quelques touffes "punk" dans les herbes du Flérial- il me paraît nécessaire de parler un instant de cette plante, car il y a dans l’Hellébore une part de mystère que je peine à comprendre.
Elle est à la fois sophistiquée et sauvage, rustique ou rudérale et particulièrement gracieuse dans ses moindres détails, plus complexes chaque fois qu'on s'y penche un peu plus.
Les dents qui ceignent ses feuilles sont une rappel de son passé de sauvageonne et sa vascularisation pourprée tient bien moins de l'amour chaleureux que de la passion toxique, elle l'incomestible qui toise les affamés de fin d'hiver de sa robe vive de galante courtisane.
Dans ses étamines étranges à l'irrégularité stupéfiante pourrait nager un poisson-clown tandis que ses pétales allient la candeur d'une joue aimée et la chair suave d'une viande à croquer.
Du mystère, je vous dis, qui toujours m'interpelle quand, dominant le printemps qu'on ne devine qu'à peine, elle écrase la fin d'hiver d'un éclat incarnat.