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Entretien de fin d'hiver des bassins

Publié le par le père Lenoir

Mare "naturelle" à la fin de l'hiver

Mare "naturelle" à la fin de l'hiver

Nous sommes en mars. A priori, c'est bientôt le printemps.
Vous êtes je crois nombreux à vous demander ce qu'il faut faire de votre bassin -et des plantes qui s'y trouvent- à la fin de l'hiver. Quels travaux dans le bassin après l'hiver? Quel entretien? 



La réponse est simple: laissez-moi tout ce monde-là tranquille!

 

Equisetum hyemale et Potentilla palustris

Bon...
Ok...
Je vois bien que cette réponse ne vous suffit pas...
Pourtant, je vous assure que c'est généralement la meilleur chose qui se puisse faire!

Mais puisque vous  insistez, voici quelques indications qui pourraient vous servir. 

Tout d'abord - et pardon d'insister- évitez d'agir si ce n'est pas nécessaire: le bassin, la mare ou l'étang sont des milieux à l'équilibre fragile, qui mérite donc qu'on lui laisse le temps de s'installer, de se réveiller, de perdurer. Toute intervention reste une perturbation de cet équilibre parfois précaire, et les périodes  telles que la sortie d'hiver ou le repos hivernal doivent être préservées autant que faire se peut. 

Toutefois...(Oui, il y a un "toutefois", sinon ce n'est pas la peine d'écrire un article).
Les plantes aquatiques produisent souvent une biomasse importante, c'est à dire qu'elles poussent très fort durant toute la belle saison, et qu'ensuite les parties fanées deviennent une grosse réserve de matière organique. C'est bien, mais jusqu'à un certain point. 
De la vase, il en faut, mais pas trop quand même. Ceci se ressent d'autant plus que le bassin est petit. Toute cette matière organique, si elle forme un magnifique substrat et support de vie, va consommer de l'oxygène pour se décomposer (je ne vais pas vous faire une leçon maintenant, mais sachez seulement que certaines bactéries dites aérobies consomment beaucoup d'oxygène pour décomposer la matière organique). Cet oxygène est susceptible de manquer aux animaux aquatique et même à ces bactéries!

Bref, pour faire simple: si votre bassin est petit et qu'il y a beaucoup de plantes dedans, il peut être intéressant d'en tailler le surplus en fin d'hiver, et surtout de l'exporter sur le tas de compost. 

Ensuite, si vous avez des plantes en pots ou en paniers (je le redis, les paniers ne sont presque jamais une nécessité mais les jardineries aiment bien vous en vendre parce que c'est beaucoup plus cher que de banals pots en plastique, tout aussi efficaces s'ils sont stables), il sera probablement nécessaire de pratiquer au moins tous les deux ans une petite séance de rempotage ou, si le rempotage n'est pas possible, de fertilisation. Rien de très compliqué: on sort le pot du bassin, la plante du pot si c'est possible, et après avoir limité le volume de la plante et de ses racines (votre tas de compost adorera le surplus), on y fait l'appoint en terre de jardin lourde et corne broyée. Il existe aussi des terreaux pour plantes aquatiques pas toujours très bons et des engrais "spécial bassin" qui ne sont pas forcément d'un très bon rapport qualité-prix non plus. Les engrais pelliculés à dispersion lente (type "osmocote" ou "nutricote" pour tomates ou plantes fleuries), qui se libèrent sur plusieurs mois sans pic de nitrates sont un moindre mal. Il faut cependant les utiliser avec beaucoup de parcimonie pour ne pas risquer de polluer le bassin par un excès de nitrates. Au moins, avec la corne broyée on ne risque aucun excès de nitrates car l'Azote en est libéré très, très lentement. De plus c'est un bon activateur biologique. 

Enfin, dans le cas où je ne n'aurais pas été suffisamment clair, ne faites rien si tout va bien. En particulier si vous voyez des masses gélatineuses transparentes à noyaux noirs: c'est que des batraciens ont décidé d'élire domicile dans votre plan d'eau. Dans quelques semaines, si vous ne les embêtez pas, vous les verrez se transformer en myriades de têtards. Ne prenez pas peur: dans la nature, il y en a environ 1/100 qui parvient à l'âge adulte, le reste faisant les frais de l'appétit féroce des notonectes, hérons, poissons et autres larves de libellules. 



Oeufs de batraciens
 

 

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Mystérieuse Hellébore

Publié le par le père Lenoir

Helleborus orientalis X / Hellébore d'Orient hybride

Helleborus orientalis X / Hellébore d'Orient hybride

Bien qu'on n'en cultive pas à la pépinière -sinon un ou deux pieds pour le plaisir de s'encombrer et les quelques touffes "punk" dans les herbes du Flérial-  il me paraît nécessaire de parler un instant de cette plante, car il y a dans l’Hellébore une part de mystère que je peine à comprendre.

Elle est à la fois sophistiquée et sauvage, rustique ou rudérale et particulièrement gracieuse dans ses moindres détails, plus complexes chaque fois qu'on s'y penche un peu plus. 

Les dents qui ceignent ses feuilles sont une rappel de son passé de sauvageonne et sa vascularisation pourprée tient bien moins de l'amour chaleureux que de la passion toxique, elle l'incomestible qui toise les affamés de fin d'hiver de sa robe vive de galante courtisane. 

Dans ses étamines étranges à l'irrégularité stupéfiante pourrait nager un poisson-clown tandis que ses pétales allient la candeur d'une joue aimée et la chair suave d'une viande à croquer. 

Du mystère, je vous dis, qui toujours m'interpelle quand, dominant le printemps qu'on ne devine qu'à peine, elle écrase la fin d'hiver d'un éclat incarnat.

 

Hellébore à la Punk, au Flérial

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