Premier été des plantations au Flérial
Après un hiver long et humide, un printemps froid et humide, voici maintenant un été chaud et sec. Très sec par ici, d'ailleurs.
(Avez-vous remarqué comme l'Hippuris, juste sous
la pierre, là, résiste particulièrement
bien à la disparition de l'eau?)
Conséquence immédiate: un très fort taux de mortalité sur les arbres, en particulier, évidemment, sur les plantations récentes.
Tel est le cas pour nous, en ce mois d'août 2013, où force est de constater que la nature était un brin fâchée. Ainsi, nous avons perdu près du tiers des arbres que nous avions plantés cet hiver, dans des conditions déplorables, et qui ont baigné dans l'eau jusque fin juin, date après laquelle la sécheresse a brutalement commencé, d'abord par intermittence. Vous me direz que, pourtant, avec toute l'eau qui est tombée, il devrait y avoir de la réserve. Ce à quoi je vous opposerais qu'il ne faut pas confondre le sol et les nappes phréatiques. Si, effectivement, il a beaucoup (énormément) plu au printemps, ceci a eu pour principal effet -hormis le bienvenu remplissage des nappes et des puits- de faire pourrir toutes les racines des végétaux qui n'avaient pas la possibilité d'être assainies.
Mon Zelkova favori, plutôt mort. La vue reste heureusement jolie.
Moralité, quand les arbres ont abordé l'été, et que l'eau à commencé à se retirer, ils n'avaient pour ainsi dire plus de racines ici, où jusqu'au premier juillet il nous suffisait de creuser de 20cm pour atteindre l'élément liquide. Des arbres de 4m avec moins de 10% de leurs racines subsistant n'ont pu se remettre de l'évènement, le stress hydrique les ayant littéralement "cuits sur pied" tandis qu'aucun arrosage n'aurait sû compenser leur dépérissement ultrarapide. Nonobstant, beaucoup des arbres qui n'avaient pas pourri sous l'excès d'eau au printemps (les pommiers et les pêchers ont payé un lourd tribut) se sont vus considérablement fragilisés, voire dévastés par le soleil estival.
L'un des tout petits Cyprès chauves (Taxodium dystichum). R.A.S.
Petit inventaire rapide des disparitions: 3 Zelkovas (ormes de Sibérie, un comble!), 5 Frênes, 2 Tilleuls de Henry, 1 Gros chêne sessile, 2 Alisiers blancs, 6 plaqueminiers, 1 chêne cocciné, 2 érables sycomores, 3 cerisiers, 1 noisetier de Byzance, 8 pommiers, 4 pêchers, 2 poiriers, 1 orme, 4 pins sylvestres... j'en oublie sûrement... Mais il arrive parfois, avec du bol, beaucoup beaucoup de bol, que certains végétaux redémarrent depuis leur souche le printemps suivant. Croisons les doigts.
Les érables à fleurs (Acer triflorum) ont bien survécu,
même s'ils n'ont pas poussé d'un iota!
Tilleul à feuilles en coeur. Un lutteur, celui-là.
Bon, tout ceci n'est pas extrêmement réjouissant...
Mais heureusement, il y a aussi de bonnes nouvelles!
Au niveau des bassins naturels, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, si l'on excepte l'arrivée de prédateurs discrets (apparemment des canards) qui viennent actuellement boulotter certaines plantes (nymphéas et Orontium, principalement).
Le niveau d'eau a pu rester relativement élevé, ce qui a permis une bonne implantation de la végétation rivulaire, qui a ainsi pu rester longtemps exempte de concurrence et abreuvée.
Malgré une absence totale de soins, le Lobelia vedrariensis se porte fort bien.
Prêles et Osmonde royale
La petite île de la tortue
Le massif de salicaires et molinies, dans une zone inspirée des marécages
Aujourd'hui, même si les mauvaise herbes poussent abondamment -pour mon plus grand plaisir; j'exige en outre une cohabitation intelligente entre les différentes essences!- la plupart des plantes que nous avons mises en place sont en forme. Quelques essais infructueux se sont soldés par des échecs momentannés qui feront l'objet, plus tard, de versions légèrement adaptées. Par exemple, l' Astilboides tabularis a merveilleusement bien crâmé au début de l'été, ses racines n'ayant finalement pas plus trouvé l'eau que ses feuilles l'ombre, faute d'arbre survivant à sa proximité. On va donc attendre le retour effectif d'un arbre avant toute nouvelle tentative.
Le savant mélange des plantes implantées et sauvages.
Ici, un tapis de petits scirpes forme un gazon ras.
L'un des avantages à ne pas désherber ni tondre certaines zones -la plupart, en fait- est que l'évaporation y est moindre et que, par conséquent, ces zones bénéficient d'une certaine fraicheur, et certaines plantes un peu sensibles d'un peu d'ombre.
C'est dans ces zones que la rosée se condense le mieux, ce qui est très profitable à la végétation.
Le gros travail sera au printemps, lorsqu'il faudra au plus vite identifier les désirables et les indésirables au moment de la repousse et faire un nouveau tri. Mais ça, c'est un job dont nous avons l'habitude!
Pontederia et Glycerie panachée.
L'ensemble fournira l'an prochain un massif imposant, bon maintien pour la berge.
L'un des magnifiques Itea virginica 'Henry's garnet' qui, en différentes situations, n'ont quasiment pas souffert. Au deuxième plan on aperçoit le lumineux Carex muskingumensis, lui aussi très adaptable.
Massif de Crocosmia (montbrétias) dans un talus glaiseux bien sec
Achillée 'Love parade', Lobelia syphilitica, camomille romaine et renouée sauvage.
De plus, désherber certains endroits serait presque criminel: le mélange de plantes sauvages -je vous rappelle qu'elles ont déjà été partiellement sélectionnées au printemps- et de plantes ornementales forme des massifs souvent ravissants, dont on ne saurait douter de la résistance face au climat et aux très difficiles conditions locales.
Joyeux mélange d'herbes sauvages et implantées.
J'irais bien y faire du tri, mais il y a un énorme
nid de guêpes enterré au pied de l'arbre.
Vous trouverez plus de photos dans l'album relatif au Flérial ici