Au seuil de 2013, les travaux évoluent...et nous aussi, en profondeur!
Le sol n'a pas amélioré ses propriétés physiques avec l'arrivée de l'hiver, la situation est à certains endroits du terrain si abominable que c'en est presque risible!
Pourtant, la nature fait assez bien les choses lorsqu'on la respecte, et semble nous donner parfois un coup de pouce pour que l'endroit embellisse rapidement.
Ainsi, malgré le froid, les buttes dénudées commencent-elles à verdir d'herbes sauvages aux racines malmenées, mais vivantes. Les graines ensevelies par les travaux germeront sans nul doute au printemps dans les espaces libres. Et les massifs que nous créons, bien entendu...
Nous avons essuyé quelques revers pour la création des bassins de production, qui ne sont pas achevés. En fait la pluie est arrivée si vite, et en telles quantités, que les trous à peine creusés se sont remplis à la vitesse d'un cheval au galop, avant que l'on ait eu le temps de mettre la bâche dans tous, ou de les remplir (l'eau ne coule pas encore au bout de tuyaux, ici).
Du coup certains bords se sont affaissés, des bulles d'air se sont formées sous les bâches, poussées par en-dessous par l'eau venue des 10 ha environnants au rythme d'épisodes de pluies torrentielles. J'ai l'impression de voir un travail d'amateur peu éclairé, ce qui me fait passablement enrager. Mais on ne peut pas être au four et au moulin, et l'achèvement des chantiers en cours chez nos clients reste la priorité.
Le coup de pouce le plus spectaculaire dans l'embellissement du site et la création de conditions favorables à notre culture est dû à l'aide de professionnels amis: les frères Roulleau, pépinièristes près d'Orléans, et Patrick Gellet, du Jardin des Dentelles, à Amilly (45). Les premiers nous ont permis de bénéficier d'arbres de grande taille pour un coût global extrêmement attractif tandis que, sans le second, ces arbres auraient gelé sur le côté du chemin de la pépinière avant d'avoir pu être plantés, la neige et le froid ayant rendu les travaux impossibles durant les jours ouvrables où l'équipe de l'entreprise était présente.
Les conditions de plantation furent absolument déplorables à tout point de vue, si ce n'était l'ambiance bon enfant. Vent épouvantable, températures glaciales, boue, boue et boue. Mais le timing était serré, des températures largement sous 0°C étant prévues rapidement, et les arbres ne pouvant être protégés auparavant.
C'est ainsi qu'à deux, en une journée, nous plantâmes près d'une trentaine d'arbres dépassant les 4m de haut -parfois de diamètre- et qu'une fois aguerri aux conditions excécrables j'en plantai presque autant, seul, le lendemain, puis encore autant le surlendemain, avec l'aide de mon précieux Cyril, revenu travailler sous la brise humide.
Il est amusant de constater comme on ose faire pour soi ce qu'on n'oserait pas pour un client, en matière de risques de reprise. Cette plantation n'était qu'à peine montrable: le sol ruiné par notre passage avec la mini-pelle, des mottes d'argile grasse, compacte, herbeuses, appuyées sur les racines qu'on ne pouvait enterrer sous peine de noyade (actuellement, toute excavation de plus de 5cm de profondeur se remplit d'eau dans la minute, quelle qu'en soit la profondeur!), sans tuteur ni hauban (ils ont été posés quelques jours après), les arbres montraient une verticalité très relative et un manque d'équilibre dans leur habillage qui auraient fait rougir un jardinier manchot.
Qu'importe l'aspect et la règle, il nous fallait agir suivant l'ordre des priorités, et abriter au plus tôt les racines des précieux végétaux, coûte que coûte. Les semaines qui suivirent furent en partie exploitées à compenser cette plantation "à l'arrache". Il nous faudra attendre quelques mois pour savoir si l'énorme dose d'amour et d'huile de coude délivrée ensuite aura suffit à sauver tout le monde.
L'une des surprises du site fut le pH du sol, qui s'est révélé d'une neutralité quasi parfaite (7.2) alors que tout le faisait supposer acide. D'une grande pauvreté en matière organique, il n'est cependant pas pollué, probablement du fait de la longue période de jachère qui avait précédé notre venue. C'est un avantage pour de nombreuses essences végétales que nous devons implanter sur place, que ce soit pour l'ornement ou la constitution de pieds-mères. Cette neutralité permettra une plus large gamme que celle initialement envisagée, et des amendements réguliers en compost, terreau, fumier, corne, BRF, amélioreront encore ses propriétés physico-chimiques.
L'eau, si elle est une adversaire remarquable quand il s'agit de planter, creuser et même se déplacer dans le terrain, n'est pas pour autant notre ennemie. Ainsi, les petits plans d'eau creusés juste avant l'automne se sont-ils allègrement remplis, donnant un avant-goût de l'aspect final du Flerial -tel que ce jardin est désormais baptisé.
Elle révèle, transforme, valorise ce qui s'y reflète, s'en approche ou s'y plonge. Un pur bonheur!
Bon... elle noie aussi parfois plus que prévu, et fait ressembler chaque phase de nos travaux à une séance de thalasso, mais qui saurait s'en plaindre?
La structuration de l'espace continue, les premières haies sont constituées, ne serait-ce que pour limiter l'impact d'éole sur cette terre battue par les vents, qui ont tendance à décider de l'orientation des arbres plus encore que moi.
Les haies cassent le vent sans l'arreter ce qui les rend, paradoxalement, plus efficaces qu'un mur. Si le mur stoppe le vent sur une faible surface, une haie le freine de moitié, voire plus, sur une grande longueur, de l'ordre de 10 fois sa hauteur en aval, et deux fois en amont. De plus, elles absorberont une partie de l'humidité excessive et permettront l'installation de végétaux un peu plus délicats des radicelles.
Prochaine étape: mise en service du forage, couverture du sol de la pépinière, et bataille pour l'implantation des bassins de production.
A suivre...
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