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Réduction de la vase, lutte contre l'envasement

Publié le par le père Lenoir


Il est difficile de lutter contre la nature. Ainsi, il apparaît extrêmement délicat de se battre contre l'envasement d'un point d'eau sans filtration. Ce problème, qui concerne surtout les mares et les étangs, se retrouve parfois à moindre échelle dans de petits bassins.

 

 

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Mare envasée; les massettes (Typha latifolia) en recouvrent la quasi-totalité et aggravent le syndrome d'atterrisement. L'eau n'est plus visible plusieurs semaines par an au moins, et l'épaisseur de la vase est telle qu'elle représente un danger pour la collectivité. Lors de la prise de mesure sur ce site, le terrassier s'est enfoncé dans les sédiments jusqu'à la taille; inutile de dire ce qui se serait produit s'il s'était agi d'un jeune enfant.

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Les sources de cet envasement sont multiples:

-décomposition des plantes (plantes aquatiques, mais aussi végétaux environnants-feuilles des arbres, etc.)
-effluents organiques intrinsèques (déjections des poissons et des oiseaux, principalement)
-turbidité de l'eau liée au ruissellement naturel, apport de particules minérales lié à l'érosion
-pollution organique en amont (élevage, eaux usées, etc...)
Il est aggravé par un déséquilibre biologique causé par exemple par une surpopulation de poissons, une eutrophisation chimique et l'absence de zones humides sur le pourtour.



Il n'y a pas de solution miracle, même si des produits (généralement des activateurs biologiques ou des bactéries) existent bien pour "dissoudre" la vase; mais la disparition définitive est inenvisageable.
La ligne directrice de l'intervention à mener doit être la durabilité. Traiter les problèmes avant qu'ils ne prennent des proportions ingérables, agir préventivement plutôt que curativement. La majeure partie de la vase peut être limitée par une bonne activité microbienne, accentuée par une oxygénation correcte de l'eau.

* le curage

Il consiste au raclage à la main ou à l'aide d'un engin (pelleteuse, bulldozer) du fond de la pièce d'eau. Son coût n'est pas négligeable, et les contraintes importantes. Il est par exemple nécessaire de travailler en assec, à moins d'utiliser une dragueuse comme cela se fait dans de grands étangs piscicoles. L'opérateur veillera à ne pas endomager la couche imperméable constituant le fond, le plus souvent de l'argile, car si elle atteint parfois plusieurs mètres d'épaisseur, il est fréquent qu'elle ne dépasse pas 2 ou 3 cm.
 Les conséquences écologiques sont évidentes, car l'équilibre est quasi instantanément détruit en même temps que le milieu. Il faut généralement plusieurs années pour réimplanter les différentes espèces et la flore bactérienne indispensable à la dégradation des boues. Cette solution ne doit être envisagée qu'en dernier recours.

L'évacuation des sédiments pouvant être soumise à la loi cadre sur l'eau, il est conseillé de prendre contact avec l'ONEMA (office national de l'eau et des milieux aquatiques http://www.onema.fr/ ) avant d'entreprendre ce genre de travaux, dès qu'ils dépassent le mètre-cube.


*L'utilisation de plantes immergées

Le Ceratophyllum, les Potamots, l'élodée du Canada sont des plantes appréciant les milieux très riches en nutriment, en s'y nourrissant elles limiteront le volume de la vase et offriront un support très intéressant pour l'aquafaune ainsi qu'un fourrage pour les poissons herbivores et oiseaux d'eau. Moins intéressantes comme fourrage, les Nympheae et les Nénuphars (Nuphar  lutea) ont des qualités ornementales indéniables, et cette capacité particulière à acheminer de l'air sous pression dans leurs racines, contribuant à l'indispensable oxuygénation de l'eau. On les emploie pour les zones dont la profondeur se situe entre 0.40 et 2m. De développement rapide, il n'est pas nécessaire d'en implanter de grandes quantités, d'autant plus qu'elles peuvent, en  l'absence de prédation, devenir envahissantes.
Une mention spéciale au lotus (Nelumbo nucifera et N. lutea, pour les régions les plus froides de France ou de Belgique) à l'insatiable gourmandise. Planté entre 0.60 et 1m de profondeur, cette plante somptueuse et spectaculaire consomme de grandes quantités de matière organique grâce à son métabolisme très rapide. Placé en situation ensoleillée, il peut rapidement coloniser de grands pans d'étangs tout en le nettoyant de ses boues.
Vous pourrez trouver ICI un article faisant état de son utilisation en pisciculture en Asie.



*L'utilisation de plantes émergées
Les plantes telles que la massette (Typha sp.) et le roseau (Phragmites australis) placées en berge ont une action très efficace, que ce soit par leur voracité en matière organique ou par la qualité du support bactérien qu'elles proposent avec leur rhizosphère. De plus, placées sous forme de filtres dans les queues d'étangs, par exemple, elles opèrent une filtration physique des particules en suspension avant qu'elles n'atteignent les eaux les plus profondes. Néanmoins, leur utilisation doit être contrôlée, car ces espèces peuvent coloniser en un laps de temps record de grandes aires, voire des pièces d'eau complète si la profondeur n'excède pas 40 cm. Il est utile de créer des chenaux profonds pour en limiter la progression. Il est aussi possible des les utiliser sous forme de lagune.
Une autre plante, la sagittaire (Sagittaria sp.), consomme quant à elle de grandes quantités de phosphates contenues aussi dans les boues. Ses bulbes comestibles sont appréciés des anatidés, ragondins, et étaient traditionellement consommés par les amérindiens. Quoiqu'il en soit, les plantes ne sauraient résoudre à elles seules un envasement déjà prononcé, mais peuvent, si elles sont bien employées et contrôlées, en ralentir le processus.




*La création ou le maintien de prairies humides
Ces biotopes ont un rôle majeur dans la qualité des eaux. En effet, les zones humides, zones de pénétration, font office de "tampons" en cas de crues, de débordements, ou de fortes pluies; fixant ainsi les sédiments et effluents organiques issus du ruissellement. L'assèchement de ces zones par drainage, création de fossés, etc. nuit à la pénétration de l'eau dans les nappes ainsi qu'à son "nettoyage" par la percolation ou l'action conjointe des plantes et des micro-organismes. Notons aussi que nombre d'espèces animales et végétales en ont un besoin vital, et qu'elles sont un maillon prépondérant de la biodiversité.
L'entretien des queues d'étangs, par la limitation du développement des saules (bons filtres par ailleurs), par exemple, et le contrôle du niveau des pièces d'eau contribuent à leur efficacité.
 

*La création d'un mouvement d'eau
Si l'on ne bénéficie pas d'un bief ou d'un cours d'eau entretenu, il peut être avantageux de créer un mouvement d'eau, que ce soit par un aérateur inesthétique comme on en trouve dans les truticultures ou bien par l'installation d'une pompe débouchant sur une rivière artificielle et/ou une cascade, dans le but d'oxygéner l'eau. Plus les remous seront importants, mieux l'eau se chargera d'oxygène. On commence à trouver des systèmes utilisant l'énergie solaire ou éolienne qui limiteront le coût annuel de ce genre d'installation. Il est évidemment très intéressant de coupler ce dispositif avec un lagunage à filtration horizontale comportant une bonne épaisseur de graviers ou de pouzzolane (60 à 80 cm environ), qui sera idéalement planté de roseaux et autres plantes hélophytes.





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