Voilà.
On ne traite pas, ici.
On ne tond pas beaucoup non plus, d'ailleurs.
De fait, une grande biodiversité s'est installée, profitant du calme des lieux et du fait qu'on ne va pas embêter les uns et les autres au milieu des plantes où ils se sont installés.
On circule dans les allées qui sont fauchées une à deux fois par an, et pour le reste, on regarde de plus ou moins loin.
Même les abords de la partie pépinière ne sont qu'à peine entretenus, juste ce que la nécessité technique demande. On élimine les saules et autres ligneux qui empêcheraient à la prairie de subsister, on coupe éventuellement les épis mûrs prêts à répandre leurs graines dans nos pots, on gratte un peu là où ça s'étend trop sur la toile de culture et puis c'est tout.
Moralité, ça grouille de vie ici, et l'écosystème est très complet. Cela a pour principal effet bénéfique qu'il est rare qu'une espèce devienne à ce point proliférante qu'elle en devient un problème pour la production.
Certes, avant que les carnassiers ne découvrent ce nouveau havre -ou que je trouve le moyen de les inciter à chasser plutôt sur certaines zones- les rongeurs ont un peu ratatiné tout ce qui ressemblait à un bulbe, ainsi que la quasi-totalité des Schizostylis là où ils n'étaient pas submergés.
Mais plus ça va, moins les dégâts sont importants: les reptiles et batraciens sont présents depuis le début -(les lézards ont attendu près de deux ans après les travaux pour apparaître), mais aussi beaucoup d'oiseaux de proie (buse variables, bondrée apivore, faucon crécerelle, épervier commun, hibou moyen-duc, chouette effraie, chouette hulotte, et j'ai eu droit au fantastique passage d'un grand-duc), des renards, blaireaux, et autres mustélidés. Le petit dernier à être arrivé sur les lieux est le putois commun, dont j'ai retrouvé des traces entre les deux mares.
Les hérons viennent aussi participer à la régulation, détruisant au passage quelques fleurs de lotus ou de nymphéas qui les empêchent de viser. Ce que ne fait pas le vif martin-pêcheur, qui semble avoir une prédilection pour les poissons rouges qui servent d'anti-parasite dans les bassins de production.
Niveau invertébrés, c'est la fête! Machaon, papillons de toutes sortes, mantes religieuses, insectes aquatiques, carabes, lucanes, myriapodes...personne ne manque à l'appel! Cela arrange bien les nombreux oiseaux, dont une vingtaine d'hirondelles (qui nichent ailleurs), les bergeronnettes grises et printanières, les fauvettes, troglodytes, les mésanges charbonnières, bleues, nonnettes et même huppées, les tourterelles des bois, j'en passe et des meilleurs! Faisans, perdrix viennent nicher, tandis que la bécasse et les chevaliers cul-blanc ne font que passer durant la basse saison.
Depuis 2015, une ruche augmente encore la troupe, produisant des dizaines de kilos d'un miel délicieux.