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De l'hiver et de ses morsures quand on a un bassin

Publié le par le père Lenoir

Nymphaea 'Peach Sunrise' sous la glace

Nymphaea 'Peach Sunrise' sous la glace

La pépinière ne déroge pas à la règle: le froid est là, comme dans pratiquement toute l'Europe cette semaine. 

Je n'irai pas m'en plaindre: on en avait besoin. Eh puis, remplacer des semaines de pluie et de ciel bas par un soleil radieux et un ciel d'azur, ma foi, ça ne pouvait pas faire de mal, quand bien même cela signifiait se cailler les extrémités et se croire en Sibérie orientale, quand souffle le terrible vent du-Nord Est. 

Toujours est-il que la végétation comme nous a été un peu surprise d'une si brutale -bien que fréquente- baisse de température alors que l'on croyait voir poindre le printemps. D'ailleurs, même les grues doivent se demander si elles ne seraient pas rentrées un peu tôt d'Afrique et d'Espagne, sur leur chemin vers le Nord, via le lac du Der-Chantecoq et, accessoirement, le plafond céruléen de la pépinière où luit actuellement une lune croissante. 

Si vous avez un bassin, vous vous inquiétez peut-être pour ce qui y pousse. A priori, pas d'inquiétude. Même si les plantes avaient redémarré de façon précoce -voire ne s'étaient jamais mises en repos végétatif- elles sont assez bien équipées pour affronter ce coup dur à ce stade. Les plantes les plus sensibles ont été j'en suis sûr placées à la bonne profondeur par vos soins: cette profondeur qui les tient à l'abri de la glace lorsqu'elle apparaît. La souche dans l'eau liquide, elles résisteront au gel puisque leurs organes vitaux n'y seront pas exposés. A la pépinière,les basses températures de ces jours-ci ont produit tout au plus 5 cm de glace à la surface des bassins les plus exposés au froid; si l'épisode persiste une semaine nous atteindrons au pire 20 cm d'épaisseur. Autant dire que ce qui est planté à une profondeur supérieure à cette épaisseur est par définition hors gel. Les tiges et feuilles prises dans la glace seront remplacées par d'autres, et certaines n'en seront même pas affectées. 

Les plantes qui souffrent le plus en ce moment sont celles qui poussent en berge ou à très faible profondeur. Pour la plupart d'entre elles, le souci n'est pas le froid en lui-même (beaucoup des plantes que nous proposons sont originaires de nos latitudes, mais une bonne partie vient de régions très froides telles le Canada ou la Sibérie -tiens, la revoilà-), mais de la sécheresse racinaire qu'il impose. Si ces plantes des régions tempérées ou froides sont habituées à résister à cette sécheresse lorsqu'elles sont en repos hivernal, elles y sont bien moins enclines lorsqu'elles sont en pleine végétation parce que l'hiver a été trop doux.

Alors que faire? me demanderez-vous. 
Eh bien pas grand-chose, malheureusement. Encore une fois, si l'épisode est court le gel sera "digéré" comme si de rien était. S'il dure, il vous faudra éventuellement lutter contre la sécheresse. Non pas en intervenant sur le bassin lui-même (mettre de l'eau chaude risque de causer un choc thermique encore plus dommageable), mais en empêchant les plantes de transpirer si elles sont en pleine végétation, par exemple en les taillant. Vus pouvez aussi disposer un voile ou un paillage de protection pour limiter l'emprise du gel, seulement généralement, lorsque le gel est déjà en place, ceci empêche surtout de réchauffer rapidement l'endroit concerné quand dardent les premiers rayons de soleil efficaces. 

En tout cas, ne vous mettez pas la rate au court-bouillon: cet événement est on ne peut plus fréquent dans notre région, et si nos plantes ont atterri (ou abassini -si ça se dit-) chez vous elles ne feront que retrouver des conditions qu'elles ont rencontré en culture dans notre pépinière, où elles sont élevées à la dure. Nos bassins de production extérieurs se retrouvent pris dans la glace tous les ans et nous ne protégeons presque plus rien avec du voile d'hivernage, dont nous avions remarqué qu'il faisait démarrer les plantes trop tôt et, donc, comme je vous l'ai déjà expliqué si vous avez tout lu, les rendait plus vulnérables aux gelées tardives. Ici, on se débrouille pour que les plantes dorment aussi longtemps que nécessaire et, comme on le souhaiterait pour nous, on ne les réveille pas tant qu'elles n'ont pas dormi leur saoul. 

Quoiqu'il en soit, nous remettons petit à petit la boutique en ligne à jour et commençons progressivement à proposer les variétés dont nous considérons qu'elles ne présentent pas de risque à être plantées. Les hémérocalles, bugles, Hostas (pour l'instant seulement les Hostas-surprises, mais nous allons proposer les autres sous peu, le temps de vérifier que nous avons bien des photos des variétés disponibles!) les délicates et vaillantes cataleptiques sont donc disponibles, ainsi que les tout premiers Hippuris et deux-trois autres hâtives gaillardes qui n'ont pas peur du givre, de l'hiver, et de Mars qui arrive en grondant.

Enfin ne rêvez pas: on ne va pas briser la glace pour vous les expédier, même si vous insistez! Pas d'expédition en dehors d'un dégel complet des pots; c'est la garantie que les plantes ont bien hiverné dehors et que nous respectons leurs cycles!


 

Vol de grues cherchant à décrocher la Lune au-dessus du Flérial et de la pépinière.

Vol de grues cherchant à décrocher la Lune au-dessus du Flérial et de la pépinière.

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C
Je vos envie de voir passer les grues... Cela m'est arrivé une fois, magique !
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